Nous nous sommes déplacés au Sénégal pour continuer à tisser des réseaux transnationaux avec les proches des victimes de la frontière. L’objectif du collectif lors de cette visite était de partager l’espace et le temps avec les familles que nous avons accompagnées dans la recherche de leurs proches au cours des dernières années. Nous voulions avoir la possibilité de nous regarder et de comprendre ce qui s’est passé dans leur vie après une perte aussi terrible, avoir l’occasion de discuter de leurs besoins et de leurs stratégies de résistance.
Dans ce pays, nous avons également pu rencontrer des organisations sociales qui nous ont montré leur vision du contexte et les défis auxquels elles sont confrontées pour accompagner les processus de réparation et de justice. Ces espaces sont fondamentaux pour partager et structurer de manière de plus en plus solide la lutte contre la violence générée par les politiques de mort établies à la frontière.
Le Sénégal est à l'origine de la route migratoire la plus meurtrière vers l'État espagnol : plus de 7 000 personnes sont mortes en essayant d'atteindre les îles Canaries depuis 2018, selon les données que nous avons documentées dans Caminando Fronteras. En fait, nous sommes face à l'un des voyages migratoires les plus dangereux au monde.
Beaucoup de ces personnes ont disparu en mer, provoquant une plus grande douleur chez leurs proches, qui n’ont même pas eu la possibilité de récupérer leurs corps et de les enterrer dans leurs communautés. C’est l’une des raisons pour lesquelles ce voyage a été si important pour nous, car il nous permet de continuer à dénoncer les injustices telles que l’omission de secours ou les obstacles administratifs qui continuent d’empêcher l’identification des corps.
Pendant les jours que nous avons passés au Sénégal, nous avons pu renforcer les liens avec les familles et les communautés, et apprendre d’elles pour améliorer l’accompagnement que nous fournissons dans les processus de recherche de justice, de vérité et de réparation.
Ensemble, avec les familles au centre et la mémoire des victimes comme soutien, nous continuerons à lutter contre le régime des frontières qui cause tant de douleur.