RAPPORT

Rapport – Victimes de la frontière Nador-Melilla 24/6/2022

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Les données présentées ci-dessous sont le résultat de l’accompagnement des survivants du massacre qui a eu lieu à la frontière hispano-marocaine entre Melilla et Nador le 24 juin 2022. Les communautés migrantes, les réseaux familiaux et les défenseurs des droits humains sur le terrain ont collecté, comparé et systématisé les informations nécessaires.

Sept mois ont passé depuis le massacre à la frontière entre Nador et Melilla où au moins 40 personnes ont perdu la vie (confirmées par notre collectif. Les récits des survivants dénombrent jusqu’à 77 victimes disparues, dont on ne sait pas encore combien pourraient figurer parmi les 40 victimes confirmées).

Un mois s’est écoulé depuis que le bureau du procureur général a blanchi le ministère espagnol de l’Intérieur, la Guardia Civil et les agents impliqués le jour de la tragédie, clôturant l’enquête sur les décès, étant entendu qu’ils ont agi de manière régulière et proportionnelle.

Aujourd’hui encore, le Maroc et l’Espagne font obstacle aux tentatives des familles de découvrir la vérité et refusent le droit de rechercher les personnes disparues et d’identifier les corps retrouvés. Nous sommes confrontés à un crime permanent qui n’a pas seulement été commis ce jour-là contre les personnes présentes à la clôture, mais qui est commis quotidiennement contre les familles en quête de justice. Tant les victimes que leurs bourreaux, dont les crimes sont restés impunis, savent clairement ce qui s’est passé ce jour terrible à la clôture de Melilla-Nador.

Ce rapport est basé sur la reconstitution des événements par les victimes du massacre elles-mêmes, que nous avons accompagnées depuis la tragédie. Les témoignages commencent par le harcèlement, la violence et la dépossession qu’ils ont subis dans les jours précédant le massacre de la clôture. L’ouvrage rend compte de la crise humanitaire qui a suivi, avec de profondes conséquences physiques, psychologiques et matérielles pour les survivants, qui ont fait l’objet d’une déportation et de poursuites judiciaires au Maroc.

Nous partageons les témoignages audio de trois survivants du massacre. Nous accompagnons leurs voix pour la justice, la vérité et la réparation. Vous pouvez les écouter ci-dessous.

Téléchargez ici le rapport Victimes de la frontière Nador-Melilla du 24/6/2022 en français et en bas de page en anglais, espagnol et catalan.
Vous recherchez un proche ou une connaissance disparue sur une route migratoire ? Si c'est votre cas, contactez-nous ici.

VOIX POUR LA JUSTICE

« Ils te frappent dans la tête. Et ils emploient le bâton pour te battre »

Témoignage d'un survivant du massacre à la barrière entre Nador et Melilla. Son original en anglais.

+ Dis-moi tout ce qui se passe ici, ce qui s’est passé, comment es-tu allé dans cet endroit. Explique-moi ça, toi, mon frère.

– Pour la première fois, quand on était dans les montagnes, ils nous ont attaqués là, avant d’aller sur le fil. Quand ils sont arrivés dans la montagne, ils ont essayé de nous attaquer, mais parce qu’on n’est pas venus ici pour se battre avec quelqu’un. Ils nous ont aspergés de gaz lacrymogène, ce gaz lacrymogène est très dangereux, très dangereux.

[…]

– Oui. Pour la première fois, quand ils ont essayé de nous attaquer, nous avons dû quitter la place parce que nous ne voulions pas nous battre avec eux. Comme ce sont des hommes de la police, ce n’est pas génial pour nous… C’est pourquoi nous avons quitté l’endroit comme si nous avions peur. Pas parce que nous avions peur mais parce que nous les respectons, nous les respectons en tant que policiers. Donc, nous les respectons. C’est pourquoi nous avons dit à chacun d’entre nous de partir, de ne pas rester. Nous ne voulons pas nous battre avec eux, parce que nous ne sommes pas venus ici au Maroc pour nous battre avec eux.

Alors, ils ont essayé de nous tirer beaucoup de gaz lacrymogènes, et nous ne sommes pas sur place pour la première fois. Après cela, après que nous soyons partis pour la première fois, nous sommes allés dans la montagne. C’est mieux pour nous de changer d’endroit. Nous nous sommes approchés de la frontière. Le matin du vendredi, le jeudi, pendant qu’on préparait à manger, ils ont tiré du gaz. Ils sont revenus à plus de 300. Alors, on a essayé de s’enfuir, mais ils étaient nombreux. Alors, on a essayé de se protéger, parce qu’ils tiraient sur beaucoup de gens. et même sur la montagne, ils ont blessé beaucoup de gens. Donc, après ça…

+ Qu’est-ce qui a fait mourir les gens ? C’était une arme ordinaire ? Ou…

– Non, je… tu sais ? Je suis… A part ça, des gaz lacrymogènes puissants. Ces militaires marocains, ils sont venus à la porte, la porte espagnole, ils ont mis leurs grosses chaussures. Ils frappent les gens avec leurs chaussures à cet endroit. Quand j’étais… Regardez mon visage ici, j’ai beaucoup de blessures comme ici. Regardez ce qui se passe, ils frappent les gens avec ces gros bâtons.

+ Mais ils ne frappaient pas les gens qui étaient déjà morts, que faisaient-ils avec les bâtons ? Même si quelqu’un est déjà mort, ils lui plantent des bâtons ?

– Oui, oui, oui. Quand ils vont te battre, ils ne te battent pas dans ton corps, ils te battent dans ta tête. Ils vous frappent dans la tête. Et ils emploient le bâton pour te battre.

+ C’est ce qui a tué beaucoup de gens

– Oui… Oui…

+ Cuéntame todo lo que está pasando aquí, lo que pasó, cómo llegaste a este lugar. Explícamelo, hermano mío.

– La primera vez, cuando estábamos en las montañas nos atacaron allí, antes de ir a la alambrada. Cuando llegaron a la montaña, intentaron atacarnos, pero no habíamos venido aquí para luchar con nadie. Nos dispararon mucho gas lacrimógeno, ese gas lacrimógeno es muy dañino, muy dañino.

[…]

– Sí. La primera vez, cuando intentaron atacarnos, tuvimos que movernos del lugar porque no queríamos luchar con ellos. Como son policías, no es bueno para nosotros… Por eso abandonamos el lugar como si tuviéramos miedo. No porque tuviéramos miedo, sino porque los respetamos como policías. Los respetamos. Por eso les dijimos a todos que se fueran, que no se quedaran. No queremos pelearnos con ellos, porque no hemos venido a Marruecos a pelearnos con ellos.

Así que intentaron dispararnos muchos gases lacrimógenos. Después de eso, después de que nos hemos ido por primera vez, nos fuimos a la montaña. Es mejor para nosotros cambiar el lugar. Nos acercamos a la frontera. El viernes por la mañana, mientras cocinábamos la comida, dispararon gas. Vinieron más de 300 otra vez. Intentamos huir, pero eran muchos. Intentamos protegernos, porque estaban disparando a mucha gente, e incluso en la montaña hirieron a mucha gente. Así que, después de eso…

+ ¿Qué hizo que la gente muriera? ¿Fue un arma ordinaria? O…

– No, yo… ¿sabes? Yo… Aparte de eso, fuerte gas lacrimógeno. Estos militares marroquíes, vinieron a la puerta, puerta española, están poniendo sus zapatos grandes. Están golpeando a la gente con sus zapatos en ese lugar. Cuando estaba… Mira mi cara aquí, tengo un montón de heridas como aquí. Mira lo que está pasando, están golpeando a la gente con esos grandes palos.

+ Pero no golpeaban a la gente que ya estaba muerta, ¿qué hacían con los palos? ¿Incluso si alguien ya está muerto, le clavan palos?

– Sí, sí, sí. Cuando te van a pegar, no te pegan en el cuerpo, te pegan en la cabeza. Te golpean en la cabeza. Y usarán el palo para golpearte.

+ Eso es lo que mató a mucha gente

– Sí… Sí…

+ Tell me everything that is happening here, what happened, how did you go to this place. Explain it to me, you, my brother.

– For the first time, when we were on the mountains they attacked us there, before going to the wire. When they came to mountain, they tried to attacked us, but because we did not come here in order to fight with anyone. They shot us a lot tear gas, that tear gas is very harmful, very harmful.

[…]

– Yes. For the first time, when they tried to attack us, we had to move from the place because we did not want to fight with them. As they are police men, it is not great for us… That is why we left the place in like we are afraid. Not because we were afraid but because we are respecting, we are respecting for them as police men. So, we are respecting them. That is why we said to every one of us to go, don’t stay. We don’t want to fight with them, because we did not come here to Morocco to fight with them.

So, they tried to shoot us a lot of tear gas, and we are not on the place for the first time. After that, after that we are gone for the first time, we went to the mountain. It is better for us to change the place. We came close to the frontier. In the morning on Friday, on Thursday while we were cooking food, they were shooting gas. They came more than 300 again. So, we try to run, but because they were many. So, we tried to protect ourselves, because they were shooting a lot of people. and even on the mountain they have wounded a lot of people. So, after that…

+ What made people die? Was it an ordinary gun? Or…

– No, I… you know? I am… Apart from that, strong teargas. This Moroccan military, they came to the door, Spaniard door, they are putting their big shoes. They are beating people with their shoes in that place. When I was… Look at my face here, I have a lot of wounds like here. See what is happening, they are beating people with those big sticks.

+ But they were not beating people who were already done, what were they doing with the sticks? Even if somebody is already dead, they stick in them?

– Yes, yes, yes. When they are going to beat you, they don’t beat you in your body, they beat you in your head. They beat you in your head. And they will call the stick to beat you.

+ That is what killed a lot of people

– Yes… Yes…

« J’ai vu à côté de moi, j’ai vu avec mes propres yeux... À l’intérieur, tous nos frères étaient déjà tombés »

Témoignage d'un survivant du massacre à la clôture de Melilla-Nador qui a été refoulé par bus de la frontière. Audio original en français.

+ On est venus, on a coupé la première porte, la deuxième, sur la troisième maintenant, il y en a ceux qui sont déjà parties, qui ont fait BOZA… et il y avait ceux qui étaient derrière nous… et on nous a attaqués par derrière… […] Et il y avait un hélicoptère qui nous jetait du gaz lacrymogène. Et leur gaz, c’était brut… C’est ça, là que j’ai fait… La prochaine porte était très dure […] On n’avait même pas de projet, on avait seulement le marteau et puis l’autre… Les cisailles étaient déjà déchargées, on avait seulement le marteau. Chacun… Il tape, il tape, l’autre est fatigué, les autres nous escortent contre les policiers… Tous ceux qui ont blessé, ce sont des… qui jetaient. Comme il y a beaucoup du monde qui sont déjà partis, ils sont venus nous frapper là-bas, et la porte aussi était ouverte déjà. Nous, on voulait partir… Maintenant, les frères sont tombés. Chacun est tombé, chacun est tombé. Maintenant les policiers ils veulent… Ils montent en haut, ils montent en haut… Il a trois mille personnes, ils les font descendre, on les laisse comme ça… Jusqu’à qu’ils les attrapent. Et ceux qui sont emballés sont tous morts. Et puis on te met comme ça dans le sol, on te frappe, on te tire… du gaz lacrymogène dans le visage. Jusqu’à… Si tu pleures, ils vont continuer à te frapper. Si tu vas te faire le mort déjà, ils vont te laisser, mais si tu pleures, on ne va pas te laisser.

– Vous étiez 1800 ?

+ Il y a seulement 130, ou cent-quelque, qui ont fait BOZA.

– Mais alors, comment vous êtes venus ici ?

+ Ils ont mis le bus du refoulement… Mais tu ne savais même qui est devant toi, je ne savais même pas, j’étais là… Avec le gaz, je n’arrive même pas à respirer. J’avais du mal dans les yeux, moi, quand c’est fini, j’ai tombé… Lui, il était à côté de moi, ils lui ont beaucoup frappé… Tu n’arrivais même pas à savoir s’il était mort, parce que si tu pleures seulement ils vont continuer à te frapper, un petit geste dans le visage et ils vont continuer à te frapper aussi

– Il y a combien de morts ?

+ Ils disaient que c’est 40, mais c’est 64 morts. Moi, j’ai vu à côté de moi, j’ai vu avec mes propres yeux… À l’intérieur, tous les pôtes avaient déjà tombé… Parce que si tu vois avec le gaz, c’est… si tu peux fermer tes yeux c’est mieux, tu ne vas pas voir comme ça.

+ Llegamos, cortamos la primera puerta, la segunda, ya estábamos en la tercera, algunos ya se habían marchado, habían hecho BOZA… y algunos estaban detrás de nosotros… y entonces nos atacaron por detrás… […] Y había un helicóptero que nos tiró gas lacrimógeno. Y su gas era áspero… Yo intenté… La siguiente puerta era muy difícil […] Ni siquiera teníamos un plan, sólo teníamos el martillo y… Las cizallas ya estaban sin carga eléctrica, sólo teníamos el martillo. Todos… Nos pegaban, estábamos cansados, nos arrojaban contra los policías… Todos a los que hirieron, fueron… abandonados. Como mucha gente ya se había ido, vinieron a golpearnos allí, aunque la puerta ya estaba abierta. Queríamos irnos… Los hermanos cayeron. Todos han caído, todos han caído. La policía nos quería… Nosotros subíamos, subíamos… Había tres mil personas, les hicieron bajar, se quedaron así… Hasta que los atraparon. Los que recibieron disparos están todos muertos. Te ponían así en el suelo, te golpeaban, te disparaban… gas lacrimógeno en la cara. Hasta que… Si lloras, te seguirán pegando. Si ya te haces el muerto, te dejarán, pero si lloras, no te dejarán.

– ¿Eran 1800?

+ Sólo hay 130, o ciento y pico, que hicieron BOZA.

– Pero entonces, ¿cómo has llegado hasta aquí?

+ Pusieron un bus para la expulsión, pero ni siquiera podías saber quién estaba contigo, yo ni siquiera lo sabía, estaba allí… Con el gas, no puedo ni respirar. Me dolían los ojos, cuando terminó, me caí… Él estaba a mi lado, le pegaron mucho… siquiera podías saber si estaba muerto, porque si te limitas a llorar te seguirán pegando, un pequeño gesto en la cara y te seguirán pegando a ti también.

– ¿Cuántas personas murieron?

+ Dijeron que eran 40, pero eran 64 muertos. Vi a mi lado, vi con mis propios ojos… Dentro, todos nuestros hermanos habían caído… Porque si intentas ver con gas, es… si puedes cerrar los ojos es mejor, así no lo verás.

+ We arrived, we cut the first gate, the second, we were already at the third, some had already left, they were BOZA… and some were behind us… and then they attacked us from behind…. […] And there was a helicopter that threw tear gas at us. And their gas was harsh… I tried… The next door was very difficult […] We didn’t even have a plan, we only had the hammer and… The shears were already without electric charge, we just had the hammer. We all… They were beating us, we were tired, they were throwing us against the policemen…. All those who were injured were… abandoned. As many people had already left, they came to beat us there, even though the door was already open. We wanted to leave… Our brothers fell. They all fell, they all fell. The police wanted us… We went up, we went up… There were three thousand people, they made them go down, they stayed like that… Until they caught them. The ones who were shot are all dead. They put you on the ground like this, they beat you, they shot you… tear gas in your face. Until they… If you cry, they’ll keep hitting you. If you play dead, they’ll let you, but if you cry, they won’t let you.

– There were 1800?

+ There are only 130, or a hundred and some, who were BOZA.

– But then, how did you get here?

+ They put up a bus for pushbacks, but you couldn’t even know who was with you, I didn’t even know, I was there…. With the gas, I can’t even breathe. My eyes were hurting, when it was over, I fell down…. He was next to me, they hit him a lot… you couldn’t even know if he was dead, because if you just cry, they will keep hitting you, a little gesture on your face and they will keep hitting you too.

– How many people died?

+ They said there were 40, but there were 64 dead. I saw next to me, I saw with my own eyes… Inside, all our brothers had fallen…. Because if you try to see with gas, it’s… if you can close your eyes, it’s better, so you won’t see it.

« Nous-mêmes avons besoin, on veut vivre, comme tout le monde »

Témoignage d'un survivant du massacre demandant justice : « Nous avons besoin que quelqu'un vienne nous aider. Ce que le peuple marocain fait, c'est trop. C'est fini, c'est la dernière fois ». Son original en français.

Tout le monde, mes frères, mes grands frères, et mes parents, et mes petits frères et mes amis, je vous fais bonne chance. Ce qui s’est passé à la forêt. La première fois, on était à la forêt depuis le 29 – cinquième mois. Moi, j’ai quitté ici à Beni Mellal pour partir à la forêt. Tout ce qui s’est passé à la forêt, s’est passé devant moi. C’est devant moi tout ce qui s’est passé. La première fois, les policiers marocains sont venus des montagnes. Ils sont venus le 7, sixième mois. Ils sont venus pour nous chasser, ils sont venus pour nous chasser. Ils sont venus vers cinq heures du matin à la montagne ici à Nador. Ils sont venus pour nous chasser, n’ont pas eu de la chance. On ne peut pas nous chasser, parce que nous, on est nombreux. La deuxième fois qu’ils sont venus, ils n’ont pas trouvé nous. Le 7, qui sont venus à la montagne, le jour qui on a bagarré avec eux, ils ont besoin de nous chasser, ils n’ont pas eu de la chance. Dans la nuit, là, on a changé la montagne. On a changé la montagne, ils sont en train de nous chercher à la forêt. Ils ne nous ont pas trouvé. Le 7, sixième mois. Ils sont en train de chercher nous, ils n’ont pas trouvé nous. La première fois même qu’ils sont venus, ils ont cassé presque 4 soudanais sont cassés à la montagne. Ils sont en train de casser nous avec le gaz, le gaz est fini, ils ont couru pour retourner. Ils sont venus depuis six heures du matin à la montagne où on est à la forêt. Ils ont bagarré avec nous pour nous chasser à la montagne, ils n’ont pas eu de la chance. Parce que nous, on est nombreux, dans la même nuit on a changé la montagne, on est partis jusqu’à côté de la dernière montagne, jusqu’à Beni Ensar, presque 28km on a marché avec les pieds, sur les pieds, dans la nuit. On a terminé la nuit, tout en train de marcher, pour courir, pour changer la montagne. Parce qu’à la première montagne qu’on était, les policiers sont venus. On a changé la montagne, le même jour. Les policiers ne sont pas venus. Ils sont venus le 20, avant le 20, le 19. Ils sont venus à la montagne qu’on a changée. Encore ils sont venus, presque 500 polices du Maroc pour nous chasser à la montagne. Même ils n’ont pas eu de la chance. Ils sont venus, la première fois qu’ils sont venus, ils sont venus avant 6h du matin, vers 5h du matin. On a bagarré avec eux jusqu’à 3 heures, 2 heures. Même le gaz est fini, ils ont frappé les gens, ils ont frappé 4 soudanais, ils ont trappé. Ils ont cassé les gens, encore. Le temps que leur gaz soit fini, et nous, on est nombreux, on a chassé eux, vers les faire retourner. Le 23, 6h moins, on a avancé, on a approché […], on a fait la frappe au Nador. C’est là-bas que nos amis sont décédés, nos amis, nous frères, tous sont morts là-bas. Il y a beaucoup des gens qui sont cassés. On ne peut pas faire quoi, on va faire comment dans notre vie ? Nous-mêmes ont besoin, on veut vivre, comme tout le monde. Même nous, on a des pères, on a des mères, on a des petits frères. Déjà notre père est devenu mieux. C’est obligatoire… C’est nous qui devons avancer, pour soutenir nos parents, avec nos petits frères. Nous on est venus ici au Maroc, pour avoir rentré en Espagne, mais les gens du Maroc, ou bien les policiers, ne peuvent pas laisser les gens pour rentrer. Les gens qui ont fait les frappes là, il y a beaucoup des gens qui sont mortes, et ils ont dit que 41 personnes qui sont mortes. Voilà, c’est fou, c’est des mensonges. Il y a beaucoup, nos amis qui sont morts là-bas. Même il y a mon ami qui est mort là-bas, à la frontière d’Espagne-Maroc. On a besoin qu’on aille m’aider. C’est que les gens de Maroc sont en train de faire, c’est trop. C’est fini, c’est la dernière. S’il n’est pas la première fois qu’ils sont en train de tuer les gens à la frontière, voilà… On est en train de parler, mais ce n’est pas la première fois. Il y a des gens qui sont mortes, beaucoup, beaucoup. Ils ont dit que c’est nous qui sommes en train de tuer les marocains. Avant le jour qu’ils ont fait les frappes, avant d’arriver en frontière, si on veut bagarrer avec les policiers, ils ont voulu, si on voulait bagarrer chez eux, on serait partis chez eux. […] On est partis pour la frontière. Notre rêve c’est l’Espagne, pour avoir traversé la frontière pour rentrer en Espagne. S’ils ont trappé les gens, frappes seulement, avec le gaz, ils frappent les gens avec le marteau, voilà… Ils ont tué beaucoup des gens. Ça va passer, nous les aventuriers, on ne peut pas laisser ça. C’est la dernière fois. On a amené la déclaration ici.

A todos, a mis hermanos, a mis hermanos mayores, a mis padres, a mis hermanos pequeños y a mis amigos, os deseo lo mejor. Sobre que pasó en el bosque… La primera vez, estuvimos en el bosque desde el 29 del quinto mes [mayo]. Yo mismo salí de aquí, de Beni Mellal, para ir al bosque. Todo lo que ocurrió en el bosque ocurrió ante mis ojos. La primera vez, la policía marroquí vino de las montañas. Llegaron el 7, sexto mes [junio]. Vinieron a perseguirnos, vinieron a perseguirnos. Llegaron sobre las cinco de la mañana a la montaña, aquí en Nador. Vinieron a cazarnos, no tuvieron suerte. No pueden perseguirnos, porque somos muchos. La segunda vez que vinieron, no nos encontraron. El día 7, que vinieron a la montaña, el día que luchamos con ellos, tenían que perseguirnos, no tuvieron suerte. Por la noche, entonces, cambiamos de montaña. Cambiamos de montaña y nos buscaron en el bosque. No nos encontraron. El 7, sexto mes [junio]. Nos estaban buscando, pero no nos habían encontrado. La primera vez que vinieron, casi mataron a 4 sudaneses, estaban destrozados en la montaña. Nos estaban masacrando con el gas, pero cuando se acabó el gas, se marcharon corriendo. Vinieron desde las seis de la mañana a la montaña donde estábamos en el bosque. Lucharon con nosotros para perseguirnos hasta la montaña, no tuvieron suerte. Como somos muchos, en la misma noche cambiamos de montaña, nos fuimos a la ladera de la última montaña, a Beni Ensar, casi 28km caminamos con nuestros pies, de pie, en la noche. Hasta el final de la noche, caminando, corriendo, para cambiar la montaña. Porque a la primera montaña en la que estuvimos vino la policía. Cambiamos de montaña el mismo día. La policía no vino. Vinieron el 20, antes del 20, el 19. Vinieron a la montaña que habíamos cambiado. De nuevo vinieron, casi 500 policías de Marruecos para perseguirnos hasta la montaña. Ni siquiera tuvieron suerte. Vinieron, la primera vez que vinieron, vinieron antes de las 6 de la mañana, sobre las 5. Luchamos con ellos hasta las 3, 2 en punto. Incluso se acabó el gas, golpearon a la gente, golpearon a 4 sudaneses, los atraparon. Golpearon muy duramente a la gente, otra vez. Cuando se les acabó el gas, nosotros, que éramos muchos, les perseguimos, para hacerles retroceder. El 23, a las 6 de la mañana, antes, avanzamos, nos acercamos […], sucedió el ataque en Nador. Allí murieron nuestros amigos, nuestros amigos, nuestros hermanos. Hay muchas personas que están rotas. No podemos hacer nada, ¿qué vamos a hacer con nuestras vidas? Nosotros mismos necesitamos… queremos vivir, como todo el mundo. Incluso tenemos padres, tenemos madres, tenemos hermanos pequeños. Nuestro padre ya está mejor. Es necesario… Somos nosotros los que tenemos que seguir adelante, mantener a nuestros padres, con nuestros hermanos pequeños. Vinimos a Marruecos para llegar a España, pero la gente de Marruecos, o la policía, no puede dejar que la gente llegue allí. Las personas que llevaron a cabo los ataques allí… muchas personas murieron, pero dijeron que sólo 41 personas murieron. Es una locura, son mentiras. Hay muchos amigos nuestros que murieron allí. Incluso mi amigo murió allí, en la frontera hispano-marroquí. Necesitamos que alguien venga a ayudarnos. Lo que está haciendo la gente de Marruecos es demasiado. Se acabó, es la última vez. Aunque no es la primera vez que matan a gente en la frontera… Estamos hablando de esto, pero no es la primera vez. Hay gente que ha muerto, mucha, muchísima. Dijeron que éramos nosotros los que matábamos a los marroquíes. Antes del día en que nos atacaron, antes de llegar a la frontera, si nosotros hubiéramos querido pelear con la policía… porque ellos querían, pero si nosotros hubiéramos querido pelear con ellos, hubiéramos ido a por ellos. […] Salimos hacia la frontera. Nuestro sueño es España, haber cruzado la frontera con España. Ellos, si atrapaban a la gente, les daban con gas, les daban con un martillo, ya está… Mataron a mucha gente. Pero pasará, nosotros los aventureros, no podemos dejarlo pasar. Esta es la última vez.

To all of you, my siblings, my older siblings, my parents, my younger siblings and my friends, I wish you all the best. About what happened in the forest… The first time, we were in the forest from the 29th of the fifth month [May]. I myself left here, from Beni Mellal, to go to the forest. Everything that happened in the forest happened before my eyes. The first time, the Moroccan police came from the mountains. They came on the 7th, sixth month [June]. They came to chase us, they came to chase us. They came around five o’clock in the morning to the mountain, here in Nador. They came to chase us, they had no luck. They can’t chase us, because there are too many of us. The second time they came, they didn’t find us. On the 7th, when they came to the mountain, the day we fought with them, they had to chase us, they had no luck. At night, then, we changed mountains. We changed mountains and they looked for us in the forest. They did not find us. On the 7th, sixth month [June]. They were looking for us, but they had not found us. The first time they came, they almost killed 4 Sudanese, they were broken in the mountain. They were massacring us with gas, but when the gas ran out, they ran away. They came from six in the morning to the mountain where we were in the forest. They fought with us to chase us to the mountain, they had no luck. As we are many, in the same night we changed mountain, we went to the slope of the last mountain, to Beni Ensar, almost 28km we walked with our feet, standing, in the night. Until the end of the night, walking, running, to change the mountain. Because the first mountain we were on, the police came. We changed the mountain the same day. The police didn’t come. They came on the 20th, before the 20th, on the 19th. They came to the mountain we had changed. Again they came, almost 500 policemen from Morocco to chase us to the mountain. They were not even lucky. They came, the first time they came, they came before 6 a.m., around 5 a.m. We fought with them until 3, 2 o’clock. Even the gas ran out, they beat people, they beat 4 Sudanese, they caught them. They beat people very hard, again. When they ran out of gas, we, who were many, chased them, to push them back. On the 23rd, at 6 o’clock in the morning, before, we advanced, we approached […], the attack happened in Nador. Our friends, our friends, our brothers died there. There are many people who are broken. We can’t do anything, what are we going to do with our lives? We ourselves need… we want to live, like everyone else. We even have fathers, we have mothers, we have little brothers. Our father is already better. It is necessary… We are the ones who have to go on, to support our parents, with our little brothers and sisters. We came to Morocco to get to Spain, but the people of Morocco, or the police, cannot let people get there. The people who carried out the attacks there… many people died, but they said only 41 people died. It’s crazy, it’s lies. There are many friends of ours who died there. Even my friend died there, on the Spanish-Moroccan border. We need someone to come and help us. What the Moroccan people are doing is too much. It’s over, it’s the last time. Although it’s not the first time that people are killed at the border… We are talking about this, but it is not the first time. There are people who have died, many, many, many. They said it was us who killed the Moroccans. Before the day they attacked us, before we arrived at the border, if we had wanted to fight with the police… because they wanted to, but if we had wanted to fight with them, we would have gone after them. […] We left for the border. Our dream is Spain, to have crossed the border to Spain. They, if they caught the people, they hit them with gas, they hit them with a hammer, that’s it…. They killed a lot of people. But it will pass, we adventurers, we can’t let it pass. This is the last time.

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Téléchargez le rapport complet ici : Massacre Frontière Nador-Melilla, 24 Juin 2022 (version française)

Descarga el informe completo aquí: Informe Masacre en la frontera Nador-Melilla, 24 de junio de 2022 (versión en Castellano)

Download the full report here: Slaughter in the Nador-Melilla Border, 24 June 2022 (English version)

Descarrega l’informe complet aquí: Massacre a la frontera Nador-Melilla, 24 juny 2022 (versió catalana)