Suivi du droit à la vie – Année 2024

En 2024, 10 457 personnes sont mortes à la frontière occidentale euro-africaine.

Notre rapport “Droit à la vie 2024” fait état de la période la plus meurtrière jamais enregistrée, avec des chiffres dévastateurs de 30 morts par jour en moyenne. Parmi les victimes figurent 421 femmes et 1 538 enfants et adolescents.

La route de l’Atlantique, avec 9 757 morts, reste la plus meurtrière au monde. Les tragédies ont particulièrement augmenté sur la route mauritanienne, consolidant ce pays comme le principal point de départ vers les îles Canaries. La route algérienne, en mer Méditerranée, est la deuxième plus meurtrière selon nos registres, avec 517 victimes. Le détroit de Gibraltar a coûté la vie à 110 personnes et 73 autres ont perdu la vie sur la route d’Alboran. En outre, 131 bateaux ont été perdus avec toutes les personnes à bord.

L’omission du devoir de sauvetage et l’externalisation des frontières et du sauvetage sont parmi les principales causes de l’augmentation du nombre de décès aux frontières de l’État espagnol

Outre ces chiffres, le rapport Droit à la Vie 2024 dénonce les principales causes de cette augmentation des naufrages et des victimes. Parmi les causes principales, nous soulignons l’omission du devoir d’assistance, la priorisation du contrôle migratoire sur le droit à la vie, l’externalisation des frontières dans des pays sans ressources adéquates, l’inaction et l’arbitraire dans les sauvetages, la criminalisation des organisations sociales et des familles, ainsi que les situations d’extrême vulnérabilité qui poussent les migrants à se jeter à la mer dans des conditions très précaires.

Les femmes confrontées à la violence structurelle à la frontière

Le rapport analyse également la situation des femmes lors des traversées migratoires, qui se font principalement dans des embarcations pneumatiques entre Agadir et Dakhla. En transit, ces femmes subissent des violences, des discriminations, du racisme, des expulsions et des violences sexuelles, et sont contraintes de survivre dans des conditions extrêmes qui les poussent à la mendicité, à la prostitution et à des emplois précaires, tout en risquant d’être recrutées par des réseaux de trafiquants d’êtres humains.

Un nombre croissant de femmes migrantes se déplacent en pirogue depuis le Sénégal, la Gambie et la Mauritanie pour échapper aux conflits et à l’impact du changement climatique dans les régions appauvries. On observe également une présence croissante de femmes sur la route des Baléares en provenance d’Afrique centrale et occidentale, traversant la Libye et la Tunisie et subissant des violences, de l’esclavage, des féminicides raciaux et des déplacements forcés vers l’Algérie.

Le manque de protection des enfants sur les routes migratoires

Notre rapport fait état d’une augmentation du nombre d’enfants et d’adolescents sur les principales routes migratoires vers l’Espagne, qui continuent de souffrir d’un manque de protection et de garanties de la part des autorités. Ces mineurs sont traités comme des migrants plutôt que comme des enfants, et sont donc exposés au marketing politique et sont la cible de discours de haine, ce qui les expose à des situations dans lesquelles leurs droits sont violés.

La situation est particulièrement critique aux îles Canaries, où des enfants non identifiés comme tels vivent avec des adultes dans des centres d’accueil, une réalité qui les expose à de graves dangers.

Il reste difficile pour les familles de dénoncer et de rechercher leurs enfants disparus le long des routes migratoires

Un autre aspect analysé dans le rapport Droit à la vie 2024 est la réalité des familles qui recherchent leurs proches disparus à la frontière occidentale euro-africaine. Malgré quelques progrès dans la réception des plaintes et des exemples de bonnes pratiques, les obstacles à l’exercice de leurs droits restent nombreux, et les difficultés à prélever des échantillons d’ADN ou à déposer des plaintes sont particulièrement choquantes. Ces familles sont ainsi re-victimisées par un système qui les stigmatise et considère leurs proches comme des victimes de seconde zone. En l’absence de garanties pour l’exercice de leurs droits, les familles courent le risque de tomber entre les mains de bandes d’extorqueurs.

Face à ces situations difficiles, les familles s’organisent en réseaux communautaires et se tournent vers la famille élargie pour surmonter les obstacles qui les empêchent de retrouver leurs proches. Chaque année, les familles à la recherche de leurs proches sont confrontées à un système de mort systématique aux frontières qui fait des milliers de victimes comme celles décrites dans ce rapport.

Télécharger le rapport en français ici. Pour les versions espagnol et anglaise, allez au bas de la page.

Surveillance du droit à la vie – cinq premiers mois 2024

5 054 personnes sont mortes à la frontière occidentale euro-africaine au cours des 5 premiers mois de 2024, soit une moyenne de 33 personnes par jour.

Aujourd’hui, mercredi 12 juin 2024, le collectif Ca-Minando Fronteras présente les terribles chiffres du suivi des victimes à la frontière du 1er janvier au 31 mai de cette année. Nous avons dénombré 5 054 personnes mortes ou disparues, dont 154 femmes et 50 enfants. Ce chiffre est bien plus élevé que celui enregistré l’année dernière à la même époque.

Cette augmentation alarmante de la létalité des frontières montre clairement les effets d’une politique plus préoccupée par le contrôle des migrations que par la défense du droit à la vie. Les données que nous avons recueillies au cours de ces cinq mois, sur la base de sources primaires, des communautés de migrants, des membres des familles, des victimes et des organisations sociales sur le terrain, sont les suivantes :

— 5 054 personnes mortes ou disparues.

— 33 victimes en moyenne par jour.

— 47 bateaux disparus avec toutes les personnes à bord.

— 154 femmes et 50 enfants sont morts en essayant d’atteindre les côtes espagnoles.

— Chaque mois, on dénombre plus de 800 victimes.

La route Atlantique reste la plus meurtrière avec un total de 4 808 morts, soit 95 % de l’ensemble des victimes enregistrées au cours de ces premiers mois. Vu le caractère mortel de cette route, nous avons distingué trois zones de départ principales dans le rapport :

— La zone côtière entre Guelmin et Dakhla, avec 249 victimes.

— La route du Sénégal, avec 959 victimes, où, selon nos observations, les départs ont diminué de manière significative.

— La route de la Mauritanie, la plus meurtrière de toutes, qui a fait 3 600 victimes au cours de cette période.

Pour leur part, les routes méditerranéennes ont fait 246 victimes, la route algérienne de la Méditerranée occidentale étant la deuxième la plus meurtrière après la route Atlantique.

Le mois d’avril a été le plus meurtrier, avec près de 1 200 victimes, mais sur l’ensemble de la période analysée, les chiffres sont restés relativement stables chaque mois, avec plus de 800 décès.

Parmi les causes de cette augmentation notable, on trouve les accords bilatéraux qui se concentrent sur le contrôle des migrations, mais qui n’établissent pas de protocoles de collaboration pour renforcer les ressources de recherche et de sauvetage lorsque des alertes sont émises concernant des bateaux en danger. À cela s’ajoute le fait que les routes sont restées actives même dans de mauvaises conditions météorologiques et avec des embarcations très précaires.

Par ailleurs, la performance des services de sauvetage reste très faible, avec des pratiques arbitraires, des moyens insuffisants et l’utilisation excessive de la méthode de recherche passive.

« Nous ne pouvons pas normaliser ces chiffres et c’est pourquoi nous devons exiger des différents pays qu’ils placent les protocoles de sauvetage en mer et la défense du droit à la vie au-dessus des mesures de contrôle migratoire. Et ce n’est pas si compliqué, il s’agit simplement de ne pas laisser mourir les gens aux frontières et de mettre tous les moyens en place pour sauver la vie des personnes en danger« , demande Helena Maleno, coordinatrice de cette recherche.

Téléchargez ici notre Suivi du Droit à la Vie Janvier -Mai 2024 en français et en bas de page en anglais et en espagnol.

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RAPPORT DE SUIVI DU DROIT A LA VIE – ANNÉE 2023

Les données présentées ci-dessous sont le résultat d’un suivi exhaustif réalisé 365 jours par an par notre Collectif dans le cadre de notre Observatoire des droits aux frontières. Les communautés migrantes, les services de secours, les réseaux familiaux et les défenseuses des droits humains sur le terrain collectent, comparent et systématisent les informations nécessaires.

En 2023, 18 personnes sont mortes chaque jour sur les différentes routes migratoires vers l’Espagne. Le rapport de suivi du Droit à la Vie, qui recueille des données sur les victimes d’une nécropolitique de plus en plus cruelle et agressive à l’égard des droits humains, a révélé que 2023 a été l’année la plus meurtrière depuis que nous disposons de registres. Pas moins de 6.618 personnes ont perdu la vie sur la Frontière Occidentale Eurafricaine, dont 363 femmes et 384 enfants.

La route des Canaries, qui traverse l’océan Atlantique, est une fois de plus la région migratoire la plus meurtrière au monde. Dans cette zone de transit, l’augmentation des départs depuis les endroits les plus éloignés de la route, tels que la Mauritanie, le Sénégal et la Gambie, doit être soulignée cette année. Plus précisément, à partir du mois de juin, l’augmentation du nombre de pirogues en provenance du Sénégal témoigne de l’exode de sa population causé par la grande instabilité sociale et politique du pays.

Le rapport analyse en détail les différentes routes migratoires dans l’Atlantique à partir de ces pays, sans oublier les flux de personnes dans les zones côtières entre Agadir et Dakhla.  Notre suivi a également continué à prêter attention aux victimes dans la zone méditerranéenne, y compris la route algérienne, Alboran et le détroit de Gibraltar.

Notre Observatoire des droits humains, par le biais de son équipe de recherche, a analysé les données présentées dans ce rapport afin de définir les causes de l’augmentation du nombre de décès. Parmi les causes les plus graves figurent la priorité donnée au contrôle des frontières sur le devoir de sauvetage, l’incapacité à activer les ressources de recherche et de sauvetage avec l’urgence nécessaire, la pratique de plus en plus courante des recherches passives, l’impact de l’externalisation des frontières avec les pays tiers et la réduction des ressources consacrées à la protection de la vie.

Les chiffres de ce rapport ne pourraient être plus alarmants, et les pratiques de contrôle migratoire de plus en plus meurtrières que nous observons à la Frontière Occidentale Eurafricaine sont également observées à d’autres frontières européennes. Ces données sont donc destinées à éclairer les processus de vérité menés par les communautés migrantes et les familles de victimes face à la nécropolitique. Ce rapport et ceux qui l’ont précédé sont également des étapes vers la récupération de la mémoire des victimes et devraient être utilisés dans des actions de plaidoyer qui luttent contre la politique de la mort aux frontières.

Téléchargez le rapport en français ici. Pour les versions espagnole et anglaise, allez au bas de la page.

Suivi Droit à la Vie – premier semestre 2023

Au cours de cette période, cinq personnes en moyenne ont perdu la vie chaque jour à la Frontière Occidentale Euro-Africaine.

Le collectif Ca-minando Fronteras présente aujourd’hui, jeudi 6 juillet 2023, les données du suivi des frontières réalisé au cours du premier semestre de cette année. Au cours de cette période, 951 victimes ont été enregistrées à la Frontière Occidentale Euro-Africaine. Les données directes provenant de sources primaires ont été recoupées avec des sources officielles, des communautés migrantes et des organisations sociales sur le terrain avec lesquelles Ca-minando Fronteras est en contact permanent. Dans le cadre de notre Observatoire des Droits Humains aux frontières, les données documentées sont les suivantes :

  • 19 bateaux disparus avec toutes les personnes à bord
  • 112 femmes et 49 enfants ont perdu la vie en mer au cours des six premiers mois de 2023
  • Les victimes étaient originaires de 14 pays différents : Algérie, Cameroun, Côte d’Ivoire, République démocratique du Congo, Éthiopie, Gambie, Guinée Conakry, Comores, Mali, Maroc, Sénégal, Sri Lanka, Soudan et Syrie

Encore une fois, les routes d’accès à l’Espagne ont été classées en quatre catégories : i) la route des Canaries, ii) la route d’Alboran, iii) la route d’Algérie et iv) la route du Détroit. La plupart des victimes ont été à nouveau documentées sur la route des Canaries, puisque 778 personnes ont perdu la vie dans les 28 tragédies qui se sont produites sur cette route. Quant à la route d’Alboran, les deux tragédies recensées au cours de cette période portent à 21 le nombre de personnes mortes. Quant à la route algérienne, 8 tragédies ont été recensées, faisant 102 victimes. Enfin, sur le détroit de Gibraltar, 11 tragédies ont fait 50 morts.

En regardant plus en détail le déroulement du semestre, les mois de février et juin concentrent le plus de victimes, avec respectivement 237 et 332 personnes.

Parmi les causes qui ont conduit à des tragédies et à des victimes au cours de cette période, on constate à nouveau la non-assistance à personnes en danger, le retard dans l’activation des ressources de recherche et de sauvetage, l’insuffisance des ressources lorsqu’elles sont activées, les mauvaises pratiques lors des sauvetages et le manque de coordination entre les États espagnol et marocain, dont les relations sont régies par des intérêts géopolitiques liés au contrôle des flux migratoires plutôt que par la défense du droit à la vie.

Des cas de violations des droits humains des victimes et de leurs familles ont également été documentés. Les victimes survivantes ont subi des détentions, des déplacements forcés, des agressions physiques et des détentions en vertu de la loi sur les étrangers. Les victimes disparues se sont vu refuser le droit d’être recherchées. Les victimes dont les corps ont été retrouvés ont été enterrées dans des fosses communes, sans protocole d’identification assorti de garanties, et n’ont pas eu droit à des enterrements dignes respectant les croyances qu’elles pratiquaient en vie.

« Les politiques de la mort sont en place à la frontière depuis longtemps. Mais nous avons également constaté une augmentation de l’impunité face à la hausse des taux de mortalité, qui laisse les victimes et leurs familles sans accès à la réparation et à la justice. Ces données font partie d’un processus de reconstruction de la mémoire : nous les comptons pour ne pas les oublier, nous les élaborons pour leurs familles et leurs communautés, comme un outil pour continuer à lutter pour que les frontières cessent d’être des espaces de non-droit », Helena Maleno Garzón, coordinatrice de Ca-minando Fronteras.

« Nous avons attendu des heures, nous avons supplié, nous avons appelé partout, Salvamento, la marine marocaine, nous avons envoyé des positions, mais personne n’est venu. La mer est très grande et très effrayante. Nous avons prié tout le temps pour essayer de nous calmer, mais ce n’est pas facile. Les enfants pleuraient beaucoup, nous n’avions pas d’eau… Je les ai vus mourir devant moi, ils tombaient dans la mer et lorsque les secours sont arrivés, il était trop tard. Les marocains nous ont jetés dans le désert, j’ai eu des brûlures et elles se sont infectées, Dieu merci je suis en vie, il ne nous reste que Dieu quand tout le monde veut nous tuer », F. B, victime survivante d’un des naufrages documentés.

« Nous n’avons pas eu de nouvelles d’elle depuis plusieurs jours. Nous sommes très inquiets, c’est très dur, je parlais avec elle tous les jours. Sa famille au pays est très inquiète. Je fais tout ce que je peux pour la chercher, pour essayer de trouver quelque chose et d’avoir de ses nouvelles, mais nous ne savons pas comment ni où chercher ? Et c’est moi qui dois les informer, et je n’ai rien à leur dire. Ils ont encore de l’espoir, mais je pense qu’elle n’est plus avec nous. Nous voulons juste savoir » A.J., amie d’une famille à la recherche.

Télécharge ici notre Suivi DALV – Premier semestre 2023 en français et en bas de page en anglais et en espagnol.

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Mur d’indifférence. La route algérienne de la Méditerranée occidentale

Le rapport présenté ci-dessous est le résultat de la recherche sur la route algérienne menée depuis un an par notre Collectif dans le cadre de l’Observatoire des droits de l’Homme. Des migrants, des réseaux familiaux, des leaders communautaires, des organisations sociales et des représentants des administrations publiques ont contribué à ce récit de la route migratoire entre l’Algérie et l’Espagne.

La route algérienne est la route migratoire la plus méconnue le long de la frontière euro-africaine occidentale. Malgré la méconnaissance de cette route qui relie les côtes du nord de l’Algérie à l’Est andalou et à Murcie, aux côtes du Levant et aux îles Baléares, elle est la deuxième plus meurtrière de ces cinq dernières années (dans notre suivi, nous avons dénombré 1 583 victimes entre 2018 et 2022) derrière la route des Canaries. Pour la seule année 2022, au moins 464 personnes ont trouvé la mort dans 43 naufrages. Un mur d’eau, un mur invisible.

Cette situation a un impact sur l’impunité croissante des violations des droits de l’homme dans cette zone frontalière. Le système mondialisé de contrôle des frontières fonctionne ici comme dans beaucoup d’autres endroits, mais il fait l’objet d’une attention et d’une surveillance publiques moindres.

À Ca-minando Fronteras, nous avons mené des recherches pour découvrir les particularités de cette route, qui sont les personnes qui font ce voyage vers l’Europe et quels sont les obstacles uniques auxquels elles, leurs familles et leurs proches sont confrontés.

Ce travail ne concerne pas seulement les flux migratoires contemporains du sud vers le nord. La mémoire des échanges historiques entre les territoires est présente, depuis l’accueil sur la rive sud de la Méditerranée des Maures expulsés de la péninsule au XVIIe siècle jusqu’à l’exil de milliers de personnes pendant la guerre civile espagnole et l’après-guerre civile. Notre travail de terrain nous permet aujourd’hui de reconstruire une « histoire d’unité entre les peuples qui place les droits de l’homme au centre ».

Télécharger ici le rapport Mur d’indifférence. La ruta argelina del Mediterráneo Occidental en espagnol. Pour la version catalane, allez au bas de cette page.

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Rapport – Victimes de la frontière Nador-Melilla 24/6/2022

Les données présentées ci-dessous sont le résultat de l’accompagnement des survivants du massacre qui a eu lieu à la frontière hispano-marocaine entre Melilla et Nador le 24 juin 2022. Les communautés migrantes, les réseaux familiaux et les défenseurs des droits humains sur le terrain ont collecté, comparé et systématisé les informations nécessaires.

Sept mois ont passé depuis le massacre à la frontière entre Nador et Melilla où au moins 40 personnes ont perdu la vie (confirmées par notre collectif. Les récits des survivants dénombrent jusqu’à 77 victimes disparues, dont on ne sait pas encore combien pourraient figurer parmi les 40 victimes confirmées).

Un mois s’est écoulé depuis que le bureau du procureur général a blanchi le ministère espagnol de l’Intérieur, la Guardia Civil et les agents impliqués le jour de la tragédie, clôturant l’enquête sur les décès, étant entendu qu’ils ont agi de manière régulière et proportionnelle.

Aujourd’hui encore, le Maroc et l’Espagne font obstacle aux tentatives des familles de découvrir la vérité et refusent le droit de rechercher les personnes disparues et d’identifier les corps retrouvés. Nous sommes confrontés à un crime permanent qui n’a pas seulement été commis ce jour-là contre les personnes présentes à la clôture, mais qui est commis quotidiennement contre les familles en quête de justice. Tant les victimes que leurs bourreaux, dont les crimes sont restés impunis, savent clairement ce qui s’est passé ce jour terrible à la clôture de Melilla-Nador.

Ce rapport est basé sur la reconstitution des événements par les victimes du massacre elles-mêmes, que nous avons accompagnées depuis la tragédie. Les témoignages commencent par le harcèlement, la violence et la dépossession qu’ils ont subis dans les jours précédant le massacre de la clôture. L’ouvrage rend compte de la crise humanitaire qui a suivi, avec de profondes conséquences physiques, psychologiques et matérielles pour les survivants, qui ont fait l’objet d’une déportation et de poursuites judiciaires au Maroc.

Nous partageons les témoignages audio de trois survivants du massacre. Nous accompagnons leurs voix pour la justice, la vérité et la réparation. Vous pouvez les écouter ci-dessous.

Téléchargez ici le rapport Victimes de la frontière Nador-Melilla du 24/6/2022 en français et en bas de page en anglais, espagnol et catalan.
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Suivi du droit à la vie – Année 2022

Informe: Derecho a la vida 2022

Les données présentées ci-dessous sont le résultat d’un suivi exhaustif effectué 365 jours par an par notre Collectif dans le cadre de notre Observatoire des droits aux frontières. Les communautés de migrants, les services de secours, les réseaux familiaux et les défenseures des droits humains sur le terrain collectent, comparent et systématisent les informations nécessaires.

Ce rapport fournit des données sur le nombre de victimes de la nécropolitique appliquée au contrôle des frontières au cours de l’année 2022 sur la Frontière Occidentale Euro-africaine. Ces chiffres ont été confirmés par le collectif Ca-minando Fronteras dans notre Observatoire des droits humains. Ils recensent les victimes des routes maritimes de la Méditerranée occidentale sur les routes du Détroit, d’Alboran et d’Algérie et de l’Atlantique sur la route des Canaries ; ainsi que les victimes terrestres des clôtures de Ceuta et Melilla.

Ce travail de suivi réalisé au cours de l’année 2022 témoigne de la tendance de plus en plus meurtrière des parcours migratoires ces dernières années, comme nous l’avons récemment souligné dans le rapport « Victimes de la Nécrofrontière 2018-2022 : pour la mémoire et la justice ». Rien qu’en 2022, notre collectif a contrasté la mort de 2 390 personnes sur leur parcours migratoire vers l’Europe.

Une fois encore, la route entre les côtes occidentales de l’Afrique du Nord et les îles Canaries se distingue comme la plus meurtrière de cette période, avec 1 784 victimes. Dans le rapport, nous dressons une liste exhaustive des conséquences des politiques migratoires qui entravent, obstruent ou omettent de mettre en place des mécanismes pour sauver la vie des personnes migrantes.

En 2022, nous avons assisté à un cas flagrant de violation transnationale des droits à la frontière terrestre entre Melilla et Nador, où le 24 juin, 40 personnes ont perdu la vie dans un événement qui a impliqué l’utilisation de terribles moyens de dissuasion par les forces de police espagnoles et marocaines, y compris des balles.

Nous soulignons l’invisibilité de la route migratoire algérienne, entre les côtes du nord de l’Algérie et les régions péninsulaires du Levante et les îles Baléares. La longue distance du parcours, l’absence d’alertes de la part des parents et amis, ainsi que l’omission institutionnelle du devoir d’assistance, font que nous ne sommes pas en mesure de reconstituer les tragédies de cette région ni de comptabiliser le nombre total de victimes sur ce parcours.

Dans ce rapport, nous répétons que la plupart des corps des victimes sur les routes maritimes (91,42%) disparaissent en mer sans laisser de traces. Dans cette situation, les familles et les communautés sont confrontées à un deuil ambigu aux multiples implications juridiques et psychologiques.

Téléchargez ici le rapport Suivi du droit à la vie - Année 2022 en français et en bas de page en anglais, espagnol et catalan.
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Victimes de la nécrofrontière 2018-2022. Pour la mémoire et la justice

Masacre Frontera 2018-2022

Les données présentées ci-dessous sont le résultat d’un suivi exhaustif effectué 365 jours par an par notre Collectif au cours des cinq dernières années. Les communautés migrantes, les services de secours, les réseaux familiaux et les défenseur.e.s des droits humains sur le terrain collectent, comparent et systématisent les informations nécessaires.

Ce travail s’inscrit dans le cadre de notre Observatoire des droits humains à la Frontière Occidentale Euro-Africaine. Nous l’avons fondé en 2014, après sept ans de réception d’alertes de bateaux en danger en mer sur différentes routes migratoires de l’Afrique à l’Espagne, et il a été mis en œuvre en 2015.

Si nous publions habituellement un rapport annuel du suivi que nous effectuons depuis l’Observatoire, cette publication actualise les chiffres des victimes de 2018 à 2022 dans la Frontière Occidentale Euro-Africaine et propose une analyse diachronique qui permet de voir comment la nécropolitique intervient dans une période plus large.Pour qui et pourquoi faire des recherches ? Les connaissances générées sont destinées à être utilisées par les communautés migrantes et les familles à la recherche de leurs proches disparus. Notre priorité est de construire un projet pour défendre la vie à la frontière avec les personnes en déplacement et les familles des victimes. Les chiffres et les histoires partagés dans cette étude sont essentiels pour faire progresser le respect des droits humains. La mémoire doit rester présente et éclairer un chemin qui mène à la vérité, à la réparation, à la justice et à la non-répétition.

Téléchargez le rapport en français, ici. Pour les versions catalane, espagnole et anglaise, allez au bas de la page.
Présentation du rapport au CCCB à Barcelone (19/12/2022) : Veus des de la frontera (FR) avec Helena Maleno, Soda Niasse, Oussman Ba et Blanca Garcés.

Suivi Droit à la Vie – Premier semestre 2022

Les données présentées ci-dessous sont le fruit d’un suivi exhaustif effectué 365 jours par an par notre Collectif. Communautés de migrants, services de secours, réseaux familiaux et défenseurs des droits humains sur le terrain, nous collectons, comparons et systématisons les informations nécessaires.

Dans le discours sur le contrôle des flux migratoires, mourir en chemin devient désormais la norme. Accepter cet état de fait autorise l’augmentation du nombre de victimes et permet que des instruments de répression de plus en plus meurtriers à l’égard des communautés de migrants soient mis en oeuvre.

Au cours du premier semestre 2022, comme le démontre ce rapport, la militarisation du contrôle migratoire s’est intensifiée avec le recours systématique à des actions bafouant les droits des personnes migrantes. Cette situation a été avalisée depuis la guerre en Ukraine par la position belliqueuse de l’Europe et l’OTAN, tablant sur un réarmement et impactant la gestion du contrôle des frontières. Le discours politique de l’État espagnol a présenté comme une menace les personnes en situation de migration provenant du sud. Il a ouvert le débat pour établir, de facto, une réponse militaire à leur encontre.

Les pages qui suivent rassemblent des données sur les victimes de la nécropolitique appliquée aux contrôles frontaliers sur les six premiers mois de l’année 2022 au niveau des limites de l’Europe occidentale et de l’Afrique. Ces chiffres ont été confirmés par l’Observatoire des DroitsHumains créé par notre collectif Ca-minando Fronteras.

Cependant, il nous a également semblé nécessaire d’étudier, dans ce rapport, les instruments de cette violence systématique exercée contre les communautés de migrant·es. En effet, concernant ces évènements qui se sont produits aux frontières durant le semestre, nous essayons de proposer une lecture centrée sur la question des droits humains et servant de contrepoids face aux ferveurs et aux discours belliqueux. C’est pourquoi il est important d’examiner les violences que subissent
quotidiennement les communautés, comprendre par quels canaux elles surviennent et quel impact elles ont sur leur vie, et enfin analyser comment la violation permanente des droits finit par tuer d’une lente agonie nombre de personnes.

Ce rapport s’inscrit dans le cadre de l’Observatoire des frontières occidentales euro-africaines, créé en 2015 par le collectif Ca-minando Fronteras, qui recense les victimes de la migration tant sur les routes maritimes de la Méditerranée occidentale (Détroit de Gibraltar, Alboran, Algérie) et de l’Atlantique (Îles Canaries), que sur les routes terrestres au niveau des barrières de Ceuta et Melilla.

Les chiffres et les histoires relatées dans cette étude sont essentiels. Ils permettent d’avancer vers le respect des droits des victimes et de leurs familles. Leur mémoire doit rester présente dans les esprits. Elle doit nous éclairer sur le chemin de la vérité, de la réparation et de la justice afin que cela ne se reproduise pas.

Suivi du Droit à la Vie 2021

Les données présentées ci-dessous sont le fruit d’un suivi exhaustif effectué 365 jours par an par notre Collectif. Communautés de migrants, services de secours, réseaux familiaux et défenseurs des droits humains sur le terrain, nous collectons, comparons et systématisons les informations nécessaires.

Téléchargez le rapport complet ici : Suivi DÀLV – 2021

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4404 personnes meurent en 2021 sur les voies d’accès à l’Espagne. La pire année de la série historique. Les chiffres présentés dans le cadre de ce suivi visent à fournir des informations aux processus de vérité, menés par les communautés de migrants et les familles des victimes, sur ce qui se passe à la frontière occidentale euro-africaine. Ces données sont donc présentées comme une étape nécessaire sur le chemin de la réparation des morts et des disparus, en les rendant visibles. Ils visent également à être un outil de plaidoyer pour promouvoir des politiques de justice et de non-répétition à la frontière.

La systématisation des informations sur les victimes que notre collectif apporte depuis 2016 nous permet d’avoir une perspective diachronique pour analyser les dynamiques de la nécropolitique dans les territoires frontaliers.

L’obtention de données sur les décès de personnes en déplacement est un processus complexe, car elles voyagent par des voies irrégulières où leurs droits ne sont pas reconnus, ce qui permet même aux États de nier leur existence. En outre, à la frontière occidentale euro-africaine, la grande majorité des décès se produisent en mer, où la plupart des corps disparaissent et où il n’existe aucune trace d’eux. Derrière ces chiffres se cache donc un exercice de respect de la mémoire des victimes face à l’ignominie de leurs propres auteurs.  

Malgré ces difficultés à documenter le nombre de personnes tuées et disparues sur les voies d’accès à l’Espagne, le travail que notre collectif réalise à l’Observatoire des droits de l’homme nous a permis de vérifier de manière exhaustive les chiffres présentés dans ce rapport. Toutes les données proviennent de sources primaires et sont traitées par nos bases de données. Cela nous permet de traiter les chiffres, dans le but de restituer les résultats aux communautés migrantes, aux familles des victimes et au reste de la société dans son ensemble, afin de contribuer à la création d’actions de défense de la vie face à la nécropolitique.  

Téléchargez le rapport complet ici : Suivi DÀLV – 2021

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Suivi du Droit à la Vie 2020

Les données présentées ci-dessous sont le fruit d’un suivi exhaustif effectué 365 jours par an par notre Collectif. Communautés de migrants, services de secours, réseaux familiaux et défenseurs des droits humains sur le terrain, nous collectons, comparons et systématisons les informations nécessaires

C’est l’année la plus meurtrière à nos frontières: nous comptons un total de 2170 victimes dans les voies migratoires d’accès à l’État espagnol.

Les politiques du contrôle migratoire ont comme conséquence l’augmentation du 143% des du mortalité. Les arrivées en Espagne au cours de la même période n’ont augmenté que de 28,7 %, ce qui corrobore le fait que les politiques de contrôle ont un effet drastique sur la mortalité.

La Route des Canaries concentre 85% des victimes. Depuis des mois, nous dénonçons le non-respect des protocoles de sauvetage et le manque de coordination entre les Êtats pour la défense du droit à la vie.

A) Ruta Argelia. El movimiento revolucionario pro democracia ha desembocado en una persecución política contra la juventud, lo que, unido al empobrecimiento por la pandemia, ha empujado a muchos jóvenes nacionales a abandonar el país. Esta es una ruta más larga y peligrosa. Almería como destino queda más cerca, pero Islas Baleares, Murcia y Cartagena plantean una larga y arriesgada travesía. Normalmente, las personas que la transitan alertan cuando están cerca de costa si su vida corre peligro, pero la mayoría no pide auxilio por miedo a ser repatriados a los países de origen. En cuanto al rol del Estado español, pocas veces se activan los servicios de Salvamento Marítimo, siendo interceptados, en el mejor de los casos, por la Guardia Civil, que aplica un protocolo más de control migratorio que de salvaguarda de la vida en el mar. Desde el Colectivo Caminando Fronteras hemos reconstruido las muertes en esta ruta a través de los relatos de supervivientes o de las familias que están en búsqueda de personas desaparecidas.

B) Ruta Canaria. La Ruta hacia las Islas Canarias implica a más países de salida (Marruecos, Senegal, Mauritania y Gambia) lo que hace aún más difícil la coordinación entre ellos para defender la vida. Una coordinación que ya denunciábamos deficiente cuando se planteaba a escala bilateral. Los trayectos son excesivamente largos en toda la ruta, por lo que se contabilizan un gran número de embarcaciones desaparecidas en pleno océano. Desde Mauritania hemos constatado un mayor flujo, sobre todo de personas malienses después del golpe de Estado en Mali. En Senegal, los intentos de los jóvenes por una mayor democratización y los acuerdos de pesca con Europa que esquilman sus caladeros, arrebatándoles su fuente de subsistencia, los expulsa del territorio hacia una muerte segura.

Les citoyens de 15 pays sont morts à la frontière de l’Europe occidentale en 2020. Une tragédie de dimension internationale avec victimes du Maroc, Algérie, Mauritanie, Sénégal, Guinnée Conakry, Guinnée Bissau, Gambie, Cameroun, Nigeria, R.D.Congo, Îles Comores, Syrie, Bangladesh et Sri Lanka.

Nous savons que nos données ne sont pas absolues, mais ce sont le plus proche de la réalité. Produit d’un travail constant sur le terrain, en colaboration avec les communautés migrants et les familles des victimes.

Même avec la difficulté pour récolter de l’information sur les frontières, nous avons documenté ces morts et disparitions grâce à notre téléphone d’alertes pour la Défense du Droit à la Vie. Les dénonces des familles qui ont perdu ses proches à la frontiére ont été aussi importantes.

Depuis le Collectif Caminando Fronteras, nous exigeons:

  • Mayor coordinación entre servicios de rescate y mayores medios materiales y humanos para la defensa de los Derechos Humanos.
  • Mayor sensibilización de los actores que intervienen en los procesos de rescate, acogida e identificación de personas desaparecidas.
  • Fin de la criminalización de la autoorganización migrante que ofrece resortes que palia la mortalidad
  • Fin de la criminalización de las familias tanto en la protección de la vida de sus seres queridos. Las personas desaparecidas tienen derecho a ser buscadas, y las muertas a ser identificadas, informadas a sus familias y enterradas con dignidad.
  • Reconocimiento por parte de los estados de las víctimas de las fronteras, y la implementación de instrumentos para facilitar información a las familias.

Les luttes protagonisées par les peuples en mouvement ce sont des luttes qui, face aux intêrets perverses des Êtats, réseaux criminelles et enterprises de la guerre, défendent la vie.

Suivi du Droit à la Vie 2019

Les données présentées ci-dessous sont le fruit d’un suivi exhaustif effectué 365 jours par an par notre Collectif. Communautés de migrants, services de secours, réseaux familiaux et défenseurs des droits humains sur le terrain, nous collectons, comparons et systématisons les informations nécessaires

Sur 655 victimes recensées par le collectif, 518 ont disparu en mer et seuls 137 corps ont été retrouvés. Autrement dit, huit personnes sur dix sont toujours portées disparues. Beaucoup d’entre elles provenaient des douze embarcations ayant disparu en mer au cours de l’année et qui n’ont laissé aucune trace des personnes à bord.


Les victimes identifiées venaient de l’un des trente-sept naufrages survenus en 2019 : dix en mer d’Alboran, seize dans le détroit de Gibraltar, huit sur la route des Canaries et trois sur la route d’Algérie. La route maritime d’Alboran s’avère la plus meurtrière avec 246 morts et disparus, suivie de celle des îles Canaries avec 228 victimes, celle du détroit avec 146 victimes et celle d’Algérie avec au moins 35 morts.


Cette année-là, des citoyens venus de 19 pays ont perdu la vie en essayant de rejoindre les côtes espagnoles. De l’Inde à l’Angola, du Maroc au Yémen, la tragédie atteint les côtes internationales ; une liste complétée par la Birmanie, le Bangladesh, le Pakistan, l’Ethiopie, l’Erythrée, le Tchad, le Cameroun, la République démocratique du Congo, l’Algérie, la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, la Guinée Conakry, la Guinée Bissau et la Côte d’Ivoire.


En 2019, les femmes représentaient 15,87% des victimes (104 décès), tandis que 54 enfants ont trouvé la mort. Bien que le ministère de l’Intérieur espagnol affirme avoir fait baisser le nombre de décès, les chiffres de Caminando Fronteras confirment que la mortalité a augmenté par rapport à 2018. En organisant la militarisation des frontières et le démantèlement du service de Sauvetage en Mer, les politiques migratoires ont réduit les arrivées de migrants de 50,07% mais la mortalité dans la région est encore plus élevée qu’avant.

Suivi du Droit à la Vie 2018

Les données présentées ci-dessous sont le fruit d’un suivi exhaustif effectué 365 jours par an par notre Collectif. Communautés de migrants, services de secours, réseaux familiaux et défenseurs des droits humains sur le terrain, nous collectons, comparons et systématisons les informations nécessaires

En 2018, nous avons recensé 843 victimes à la frontière occidentale de l’Afrique et de l’Europe. La route maritime d’Alboran est de loin la plus meurtrière (722 victimes), suivie de la route du détroit de Gibraltar (113). Le nombre de décès et de disparitions dans les îles Canaries et à la barrière de Melilla est moins important : on comptabilise respectivement 6 et 2 victimes.

648 victimes sont des personnes disparues, 195 sont des personnes décédées (dont le corps a été retrouvé). Toutes ont perdu la vie au cours d’un des 61 naufrages recensés : 1 sur la route des Canaries, 21 sur la route du détroit et 40 sur la route d’Alboran.

On comptabilise 12 embarcations ayant entièrement disparu avec, à leur bord, l’ensemble de l’équipage. La moitié a fait naufrage dans le détroit, l’autre dans la mer d’Alboran.

Suivi du Droit à la Vie 2015/16





Les données présentées ci-dessous sont le fruit d’un suivi exhaustif effectué 365 jours par an par notre Collectif. Communautés de migrants, services de secours, réseaux familiaux et défenseurs des droits humains sur le terrain, nous collectons, comparons et systématisons les informations nécessaires

Entre septembre 2015 et décembre 2016, nous avons recueilli une série de données présentées dans notre rapport intitulé « Après la frontière ».


En 16 mois, nous avons reçu 309 alertes provenant d’embarcations qui se trouvaient sur les voies maritimes donnant accès à l’Espagne et qui appelaient à l’aide. Au total, 7079 personnes ont risqué leur vie sur cette période.


Nous avons recensé 388 personnes décédées en mer, dont 31 femmes et 122 enfants ou adolescents. Parmi elles, seules 22 ont pu être identifiées, leur corps ayant été retrouvé dans la mer. Les autres ont disparu sans laisser de traces, plongeant leur famille dans une profonde douleur.


Sur un total de 23 signalements au niveau des barrières de Ceuta et Melilla, nous avons comptabilisé 2213 personnes victimes de séparation forcées et 569 victimes de retours à chaud.